Très bien.
Des démons lors du Sabbat.
Quand donc allait-il grandir? Tout ce temps où il avait commis toutes ces erreurs ne lui avait-il donc pas enseigné l'art de l'humilité? Cela faisait au moins cinq heures qu'il ne cessait de me baratiner avec cette histoire de Sabbat.
Cette blague! Comme si il y avait besoin d'"un esprit aussi puissant, rusé et implacable que le mien", pour reprendre ses mots! A mon avis, si mon frère avait été désigné parmi tout les prêtres afin d'officier le Sabbat, ce n'était pas parce qu'il était le plus apte à résoudre tout les problèmes qu'il pourrait y avoir mais surtout parce que c'était celui dont on avait le moins besoin. Et si il avait insisté pour que je vienne, ce n'était pas pour admirer le spectacle, mais surtout pour l'épauler en cas de problème. Mais en quoi un simple capitaine de régiment aurait pu l'aider? Il se faisait une aussi haute opinion de moi que de lui-même...
Mais c'est vrai que la ville où sera officié le Sabbat n'était pas exempte de risques. Ce n'est pas tout les jours que l'on le célèbre à Praag, et des dangers d'ordre démoniaques étaient bien craints partout chez les habitants. Mais est-ce vraiment une raison pour que la moitié des habitants du coin se mettent à déménager?
La cité est enfin en vue. Elle était bien sinistre. Les autres cités célébraient leur habituelle Haloween (une légère déformation du Sabbat qui le tourne en dérision), mais ici, on sentait bien que les habitants prenaient tout très au sérieux. En tout cas, ils imitaient très bien le sérieux. D'abord, les gardes n'étaient pas déguisés (encore un sujet à discussion: quelqu'un pourrait-il me fournir un seul cas où les forces du mal se sont enfuis rien qu'en voyant des gens déguisés?), et étaient deux fois plus nombreux. Leurs lances étaient ornés de crânes cornus et la porte elle-même était ornée de runes. L'effet aurait été meilleur si seulement ce n'était pas du rugueux langage homme-bête. Mais c'était déjà pas mal. Il me fallut pas longtemps pour m'apercevoir que c'était vraiment du sang.
Les maisons à l'intérieur étaient ornés elles aussi de runes et de crânes (quelques touchés me confirmèrent que ce n'était pas du chiqué), et les habitants étaient drapés de noirs en portant des flambeaux en récitant pour certains des plus pieux des prières glorifiant Sigmar. Nous allâmes rejoindre ce qui semblait être le chef spirituel de cette ville qui, une fois n'est pas coutume, officiait la ville.
-Sigmar soit loué, entonna-t-il en nous voyant. Les prêtres d'Altdorf ont répondus à notre appel. Êtes vous en vérité le seigneur des prêtres guerriers?
-Hélas non, répondit mon frère avec une ferveur inhabituelle. Mais je puis t'assurer que je saurais protéger cette ville. Nul démon ne saura s'emparer de cette ville tant que mes pieds fouleront le sol.
-Peut-être avez vous quelques préparatifs à faire. Dans ce cas, point d'inquiétude, la cérémonie ne commencera que dans une heure.
-Puis-je savoir, hasardai-je alors, en quoi donc cette cérémonie consistera-t-elle?
-Nous commencerons par immoler un habitat qui n'a que trop longtemps reçu la visite des forces extérieures. Puis nous nous recueillerons et nous adresserons nos prières à Sigmar et nos malédictions au démons en présence d'artefacts d'une grande valeur, et enfin célébrerons des rites dont je ne voudrais pas vous gâcher la surprise, ajouta-t-il avec un sourire en coin qui me laissait appréhender que ce n'était pas forcément des rites très honorables, voir pire.
Durant l'heure fuyante -décidément, les choses ne se déroulent pas comme d'habitude, l'attente étant en générale longue-, nous enfilâmes des vêtements plus adaptés à la situation, on nous remit les objets cabalistiques comme le flambeau, le crâne fendu et le recueil maudit, et alors un gong annonça de sa voix grave qu'il était temps pour la cérémonie.
Mon frère avait recommencé à me bassiner avec son invincibilité mais lorsque le prêtre de cérémonie se leva, il se tut comme les autre.
-Peuple de Praag! entonna le seigneur spirituel. Cette nuit sera la nuit contre le peuple démoniaque! Cette nuit sera la nuit contre le chaos! Entendez mes paroles, Dieux chaotiques! Jamais votre vile armée ne viendra à nouveau à bout de notre glorieuse cité! Aujourd'hui, nous vous repoussons, infâmes créatures!
Il est cinglé celui-la! Depuis quand on insulte les dieux du chaos? Il devait être suicidaire.
-Cette maison, continua-t-il en désignant de son bras dans un geste théâtral une maison qui tombait en ruine, à depuis trop longtemps été hanté par les forces chaotiques. Que le sacrifice par le feu abatte ses murailles!
Le taudis fut encerclé par des hommes armés de flambeaux et, peu après, la maison fut environnée de flammes. Sans doute était-elle enduite préalablement de produits inflammables, car je n'ai jamais vu le feu gagner aussi rapidement du terrain.
-Nous lutterons à jamais face au mal insidieux qui nous frappe depuis trop longtemps!
-Ainsi soit-il! rugit une voix d'outre-tombe, et j'eus l'impression qu'elle venait de la cité elle-même. Que le peuple de Praag affronte les légions démoniaques!
Des bâtisses qui nous entouraient sortaient alors des démons de toute sorte. Des bêtes minuscules mais affreuses jaillissaient des portes et des fenêtres sur notre gauche, tandis que le mur se désintégra derrière l'autel où le prêtre avait auparavant dicté son discours et des choses gluants et glissantes approchaient dans un océan de couleurs. Sur la droite, les murs furent fracassés et des monstres de couleurs sanguine et solaire fondirent sur nous en portant d'énormes épées. Je me retourna en attendant la dernière vague, mais aucun monstre n'approcha. Slaanesh devait avoir autre chose à faire.
De la maison incendié sortit un monstre pareil à ceux qui s'étaient arrêté à droite, en plus grand, plus musclé et portant une arme plus ornementée. Ses dents découvraient un rictus grotesque mais effrayant et ses yeux pétillaient d'une ruse qui ne semblait pas provenir de son maître. Un démon intelligent de Khorne. Voici qui ne va pas faciliter la chose.
J'entreprit d'estimer rapidement les forces adverses. Elles étaient aussi nombreuses que tout ceux qui se trouvaient sur la place, mais peu des nôtres étaient armés. J'espérais que la foi puisse réellement être une arme puissante.
-Serait tu fou, vieux prêtre? dit le dernier démon. En quoi te permets-tu d'insulter la puissance chaotique, et de nous défier aussi sottement? Tu aurais dû prendre garde. Pour te punir, je vais te tuer, toi, tes proches et tes amis. Ton peuples sera châtié avec toi, et j'aurais plaisir à arracher tes membres et ta chair, et à te plonger dans l'horreur du monde chaotique. Ton âme souffrira sans cesse du remords et de la honte, mais jamais tu ne pourra te faire pardonner. Allons-y, mes frères!
Il manque un peu de style, le démon. Enfin bon, on peut pas s'attendre à ce qu'ils veuillent être éloquent....
Comme un seul être, les hordes démoniaques se jetèrent sur les mortels surpris. Le prêtre fut arraché de son piédestal par l'un des monstres qui se trouvaient derrière lui et jeté sans ménagement auprès du démon qui s'était exprimé. Celui-ci le souleva un instant, puis lui dévora la tête, avant de le jeter avec un mépris particulièrement prononcé.
Les autres habitants se défendaient mieux. L'instant de surprise passé, ils se mirent à réciter d'antiques formules et malédictions dans un langage oublié, tout en brandissant des artefacts au nez des démons. Je fus surpris de voir que cela fonctionnait. Certains manquaient d'un peu de foi et se firent massacrer par les hordes impies, mais les autres démons n'avaient pas cette chance. Certains d'entre eux étaient paralysés, se liquéfiant ou bien étaient désintégrés comme si il avait suffi d'un seul souffle pour les réduire en cendres. Profitant de ces avantages, les hommes armées se jetaient avec enthousiasme dans la mêlée tandis que les démons se faisaient prendre à revers par les habitants qui ne s'étaient pas présenté au Sabbat et qui observaient depuis leurs toits.
Mon frère s'était lui aussi plongé dans le combat, faisant virevolter son marteau et abattant ses ennemis par dizaine. Il faut le dire, la prière de Sogmar, c'est quand même parfois utile. Il se fraya un chemin jusqu'à rejoindre le seigneur démon qui avait commandé l'assaut. Il se mit à le haranguer:
-Au nom de Sigmar, je te défie, Démon mutilé et maudit! Au nom de l'Empereur, je te crache mon mépris à la face! Que cesse ce bain de sang! Affrontons-nous - homme contre démon - et je l'emporterais sur toi! Relève ce défi, ou que tous, hommes comme dieux, voient comme tu n'est qu'un lâche!
-Prends garde! rugit son adversaire! Je suis Bellnar, Roi démon et Maître de ces terres! Je ne crains aucun mortel, non plus que les hordes fanatiques de héros depuis longtemps tombés! J'écraserais ce mortel abruti et fanatique, et les ennemis tomberont sous les coups de mon arme! Praag sera à nouveau mienne, et l'Empire m'appartiendra!
(NDTheris: Seigneur. Ce que je peux être plagiaire, parfois... )
Alors les adversaires levèrent leurs armes, et le combat cessa. Tous, hommes comme démons, observaient le combat qui avait lieu. Mon frère prit l'initiative, et son marteau frappa l'épée du démon, lequel contra, puis se déroba avant de lancer son arme de toute ses forces sur son ennemi, qui esquiva d'une roulade avant de se relever dans son dos.
Le duel se prolongea ainsi pendant plusieurs minutes, chacun semblant n'avoir qu'une envie, celle de prendre son adversaire par derrière. Plusieurs bâtisses s'étaient effondrés suite aux coups qu'ils s'étaient lancés, le sol était fissurés de par les impacts des armes, mais aucun ne semblait avoir le dessus. Enfin, fou de rage, le démon mit toute sa force dans un seul coup, mais rata de nouveau son but, son arme plongeant dans le sol comme dans du beurre. Mais il ne parvint pas à la sortir. Alors, le prêtre guerrier lui assena plusieurs coups dans la tête et le dos et mis son adversaire à bas. Puis le démon disparut.
Les hommes poussèrent un seul cri de gloire, et se jetèrent avec sauvagerie sur les démons, exalté par la victoire de mon frère. Moi même me prêta aux hostilité et, après un laps de temps très court, il ne resta plus un seul adversaire à vaincre.
Le prêtre guerrier contint à grande peine sa vantardise, puis ce fut d'une voix assez indifférente qu'il dit:
-Bon, eh bien tout cela est terminé je suppose. Le prêtre est mort, et nous avons quand même eu une assez jolie bataille et une belle victoire. Je suis ravi de voir que c'est notre foi qui a vaincu. Maintenant, allons dormir; je suis un peu fatigué, la.